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Newsletter #3 de la Librairie vers les J 52

J-2 avant le top départ des 52e Journées de

l’École de la Cause freudienne

« Je suis ce que je dis.

Dénis contemporains de l’inconscient »

Dans la perspective de la conversation animée par Anaëlle Lebovits-Quenehen et Éric Laurent avec Dan Arbib, invité de la plénière du dimanche 20 novembre, l’équipe de la Librairie vous invite à découvrir, lire ou relire quelques-uns de ses ouvrages que cette troisième Newsletter a sélectionné.

Quelle place l’infinité divine occupe-t-elle dans la philosophie cartésienne ? Peut-elle éclairer la situation de Descartes dans le temps long de l’histoire de la métaphysique ou révéler une béance toujours sise au cœur de son concept ?

Loin d’être une innovation cartésienne, l’infinité de Dieu constitue une conquête de l’histoire de la métaphysique, qui, en prenant pour objet le concept d’ens, s’est approprié Dieu sous la figure de d’ens infinitum. Et, parce que la philosophia prima des Meditationes a pour premier principe le cogito, l’idea infiniti ne peut que s’ordonner à l’univocité de la cogitatio et se soumettre au régime métaphysique de la représentation, qu’elle prolonge et accomplit.

Mais Descartes confère à l’infini une autre détermination qui contredit sa portée métaphysique – car, en toute rigueur, l’infini ne se donne pas tant en une représentation qu’il n’excède toute représentation pour la conditionner. Ainsi Descartes démontre-t-il l’existence de Dieu au moyen du nom qui énonce d’abord sa transcendance à toute démonstration ; ainsi l’idée d’infini est-elle plus « lourde » que l’ego qui la porte et qu’elle creuse d’une antériorité à jamais irrécupérable.

Descartes a donc associé en un même nom – l’infini – une détermination métaphysique et une détermination non métaphysique de Dieu. Mais cette double détermination traduit l’ambiguïté même de l’infini dans l’histoire de la métaphysique, s’il est vrai que c’est aussi bien comme infini que Dieu y est entré (Duns Scot) et qu’il en est sorti (Levinas). L’infinité divine peut dès lors accomplir chez Descartes la sortie de la métaphysique depuis la métaphysique elle-même, puisqu’elle nomme l’au-delà de la représentation apparu depuis la représentation : la métaphysique se trouverait alors contemporaine de sa fin, qui toujours en sourdine la double et la défait.

En la déployant sans nuances, Descartes fait accéder à sa visibilité la plus haute l’ambiguïté de l’infini : sa métaphysique en acquiert une ambivalence à laquelle nous n’avons pas voulu demeurer aveugle.

Quel type de relève pour la métaphysique l’éthique envisagée comme «philosophie première» propose-t-elle ? La phénoménologie peut-elle ressaisir le fondement de tout phénomène, obéir à une démarche encore transcendantale tout en destituant l’ego de sa principalité sans cesse reconduite depuis Descartes? La requalification des catégories théologiques imposée par la distance de l’autrement qu’être peut-elle laisser inchangé le nom même de Dieu auquel elle nous ordonne comme à notre définitive tâche ?

Ces questions, Levinas aura contribué à les formaliser et à en imposer l’urgence avec une radicalité à nulle autre pareille. Cet ouvrage se propose d’en éclairer quelques-unes à partir d’analyses génétiques de sa pensée, de confrontations avec quelques hautes figures de la tradition philosophique (Husserl et Heidegger, mais aussi Descartes, Spinoza, Derrida, etc.) et de la réactivation de quaestiones disputatae lourdes d’enjeux.

Car l’éthique dispense une lumière propre, sans laquelle nombre de questions nous resteraient durablement insoupçonnées ; cette lumière elle-même doit être décomposée et se prêter à analyse. Lumière jetée par l’éthique, lumière jetée sur l’éthique : telle est, en son double génitif, la lucidité de l’éthique.

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Depuis leur publication en 1641, les Meditationes de prima philosophia n’ont rien perdu de leur pouvoir de fascination : jamais un projet philosophique n’avait été si ambitieux et si radical.

L’objectif de ce volume est simple : expliquer ce texte en associant les plus grandes exigences pédagogiques à la plus grande précision scientifique et en tenant compte des acquis de la recherche récente. Cette ambition installe ce volume dans une tradition de commentaires déjà illustres, mais dont il se distingue par son caractère collectif et par la prise en compte des Objections et Réponses, sans lesquelles les Meditationes ne sont qu’une œuvre mutilée. Pour ce faire, il fallait considérer aussi bien le développement interne des textes que leur ouverture structurelle. On s’est ainsi résolu à regagner l’esprit cartésien en suivant sa lettre, en éclairant telle difficulté ici, en dissipant telle confusion là, et sans s’interdire d’ouvrir le commentaire au rapprochement avec d’autres textes de Descartes ou d’auteurs avec lesquels la discussion est directe et topique.

Les contributions ici rassemblées ne prétendent nullement circonscrire l’inépuisable richesse du texte cartésien, ni même s’y mesurer (qui l’oserait ?) ; à tout le moins nous rappellent-elles qu’il n’est de philosophie vivante que dans la confrontation avec la pensée la plus forte. Car la formidable audace spéculative à l’œuvre dans cette aventure à nulle autre pareille que sont les Meditationes demeure pour le lecteur une insurpassable école de discernement, de liberté, de courage aussi – bref, de vérité.

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