Gaston Chaissac, épistolier
« Ce qu’on sait faire avec lalangue dépasse de beaucoup ce dont on peut rendre compte au titre du langage. »
Jacques Lacan
Dénué du lustre de Picasso ou de Dubuffet, Gaston Chaissac éblouit, déroute et enchante. Avec Monique Amirault, nous découvrons, dans sa correspondance, ses astuces inouïes pour se situer dans le monde, se faire un corps et tisser un lien social inédit à partir de sa création protéiforme.
De la marge où il campe, Chaissac tempête et sème des milliers de lettres à tous vents. Il balaie les semblants, les épluche allègrement et récupère de divins débritus, matière à une écriture pimentée d’ironie. Contre l’usage normatif du langage et le jargon savant, il file une langue singulière, se fait expérimentateur de discours, hérésiologue, poète épistolier.
Ce bricoleur de réel trouve ainsi en son symptôme sa boussole.
À l’heure où de pseudo-scientifiques prétendent éradiquer le réel, réduire l’humain à une machine sans symptôme ni inconscient, Chaissac fait valoir l’invention hors norme : les gens normaux n’ont jamais rien fait d’extraordinaire.
Monique Amirault est psychanalyste à Angers, membre de l’École de la Cause freudienne (ecf) et de l’Association mondiale de psychanalyse (amp), elle sillonne le dernier enseignement de Lacan en compagnie de Chaissac, éclaire les fondements mystérieux de sa création et invite ceux qui ont le goût de la langue à trouver ici leur miel.