Cet ouvrage a pour ambition de donner une portée clinique et politique à l’aphorisme « Céder n’est pas consentir ». Il démontre la profondeur de cette distinction, en s’appuyant sur la psychanalyse, la philosophie et la littérature. Le consentement porte toujours en lui une énigme, car consentir, c’est dire « oui », sans savoir, sur fond d’un pacte de confiance avec l’autre. Ce fondement énigmatique du consentement, qui peut aussi comporter une ambiguïté, ne doit pas être confondu avec le forçage. Cet essai pose donc la nécessité éthique d’affirmer une frontière entre « consentir » et « céder » en distinguant l’énigme du consentement comme expérience subjective, de l’expérience du traumatisme sexuel et psychique. Examinant les différents degrés du « se laisser faire », depuis l’expérience de la passion amoureuse jusqu’à celle d’un « se forcer soi-même à faire ce qu’on ne désire pas », Clotilde Leguil montre comment la frontière peut devenir trouble. Traumatisme de guerre, traumatisme intime, comment revenir de ce qui s’est produit ? Comment à nouveau consentir à dire ? S’inscrivant dans l’actualité du mouvement metoo, des collages anti-féminicides, et de la parution du récit événement de Vanessa Springora, cet essai, clinique et politique, fait valoir la nécessité de retrouve une langue à soi, pour pouvoir dire « je » à nouveau.
Sommaire
- Le « Nous » de la révolte, le « Je » du consentement
Conséquences psychiques du mouvement #metoo
Effets paradoxaux de la libération sexuelle
Du « Nous » politique au « Nous » du pacte amoureux
- Énigme du consentement
Obscur consentement
Le risque du consentement
Ambiguïté du consentement au féminin
III. Entre « céder » et « consentir », une frontière
Enjeu éthique d’une distinction
Une frontière au niveau du corps
« Qui ne dit mot consent ? »
- Le consentement, intime et politique
Contre le droit du plus fort, le consentement du sujet
Destitution du pouvoir des pères
Consentement politique forcé
- En deçà de consentir, « se laisser faire »
« Se laisser faire », consentir à se dessaisir de soi
« Se laisser faire », s’inquiéter du désir de l’Autre
« Se laisser faire », céder à l’effroi
- « Céder sur »
« Céder sur son désir »
Choisir son désir, un vouloir inconditionnel
Ne pas céder à l’emprise du Surmoi
Renversement du sens de la culpabilité
Ne pas se trahir soi‑même
VII. « Céder à »
Situation traumatique
Figement, impossibilité de dire
Marque ineffaçable, hantise
Cession
VIII. Langue coupée
Le cri de Philomèle
Ne pas taire ce qu’on ne peut pas dire
- Qui me croira ?
La bouche cousue de Dora
Le reste du trauma, intraduisible
- Ressusciter le silence, pouvoir en revenir
Céder à l’effroi de la guerre
Le voyage au bout de l’enfer de Nick
Le récit du trauma, lambeau de discours
- Consentement à être autre à soi‑même
Consentir à un dédoublement
Une jouissance « à elle »
Le consentement, un déplacement
XII. Folles concessions
Déprise et emprise
Se croire aimée, s’égarer
Mésusage de la psychanalyse au service de la pulsion
XIII. Au‑delà de la révolte, consentir à dire
Consentir « au nom de »
Désobéir
Annexe
Bibliographie
Remerciements