Sous la direction de Jacques-Alain Miller
Il s’agit d’une Conversation. C’est là un art retrouvé, une discipline véritable : les textes présentés sont lus un mois à l’avance par ses participants ; ce temps de la réflexion débouche sur une discussion dense, animée par deux d’entre eux, où s’écouter les uns les autres féconde le propos de chacun. Aucun bla-bla-bla, aucune infatuation. Un souffle passe, des hypothèses sont émises, retenues pour les unes, suspendues pour d’autres, développées pour les troisièmes.
L’objet de cette Conversation relève presque de la provocation : effets thérapeutiques rapides en psychanalyse . On sait que Freud ne se réjouissait pas des effets parfois fulgurants de l’entrée en analyse. On sait que Lacan dit que la guérison vient « de surcroît », sans constituer la fin d’une cure analytique. Enfin, la durée des analyses va toujours croissant. Alors ? Alors, se rappeler aussi qu’il y a de l’incurable selon Freud, qu’une analyse se termine néanmoins, selon Lacan, que la clinique analytique est une clinique sous transfert, qu’une interprétation a des incidences, et que l’éthique de la psychanalyse est à soutenir, sans compromis, face aux récentes agressions, aussi violentes que piteuses, à son endroit.
Ici six psychanalystes privilégient pour la première fois ce dont habituellement aucun ne rend compte et qui fait pourtant leur quotidien : des cures allant de trois séances à quelques mois, dont les analysants ont pris acte, qu’ils reprendront ou pas.
Ces analystes découvrent, et nous avec eux, qu’une « théorie des cycles », avancée par Jacques-Alain Miller, peut être mise à l’épreuve. Un cycle, s’il ne constitue pas une analyse terminée, n’en a pas moins sa complétude : un pas y est franchi. De ce pas, il y a lieu de rendre raison, de dire en quoi il consiste, cas par cas. C’est ce qu’entreprend cette Conversation : sa lecture captive, qui porte à conséquences.