Présentation :
L’autisme ne se caractérise pas seulement par une autre intelligence, mais aussi par un fonctionnement subjectif et affectif original. Des conséquences en sont tirées pour un mode de prise en charge psychodynamique.
L’approche psychanalytique contemporaine de l’autisme considère celui-ci comme un mode de fonctionnement spécifique nécessitant une prise en charge adaptée. Elle se détourne radicalement de la recherche d’élucidation d’un passé enfoui pour s’orienter sur l’accompagnement à la construction, au développement et à l’évidement d’un bord. Ce dernier est constitué par trois éléments, qui peuvent s’interpénétrer, auxquels le sujet autiste fait régulièrement et spontanément appel : l’objet autistique, le double et l’intérêt spécifique. Un savoir inconscient sur la manière de se protéger de l’angoisse et du désir de l’Autre détermine une propension régulière et spontanée à se construire un bord. C’est en passant par celui-ci qu’un lien social peut s’instaurer et s’affermir.
4ème de couverture :
L’autisme est abordé par la psychanalyse contemporaine comme un mode de fonctionnement spécifique, nettement différenciable de la psychose et nécessitant une prise en charge adaptée. À l’encontre d’une opinion reçue, l’autiste s’intéresse beaucoup aux autres, sa solitude n’est pas fondée sur une volonté de retrait social, mais sur un évitement du désir de l’Autre, lequel suscite son angoisse majeure. La difficulté à engager la voix dans l’échange suscite deux manières distinctes d’investir le langage. La première produit une langue verbeuse, impropre à la communication, mais auto-satisfaisante ; la seconde génère une langue factuelle de signes, qui permet la communication, mais qui est coupée des affects. Pour se protéger du désir de l’Autre, l’autiste élit un bord, composé de trois éléments : l’objet autistique, le double et l’intérêt spécifique. L’autisme apparaît ainsi comme une structure subjective originale compatible avec les réussites existentielles les plus hautes, mais aussi avec des détresses sévères. Quand l’autisme s’accompagne d’un mal-être, le traitement orienté par la psychanalyse passe, non par l’élucidation d’un passé enfoui, mais par la construction, le développement et l’évidement du bord.
Présentation de l’auteur
Jean-Claude Maleval est psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne, membre de l’Association mondiale de psychanalyse et professeur émérite de psychologie clinique à l’Université Rennes 2.
Il est notamment l’auteur de Logique du délire (Masson, 1997), L’Autiste et sa voix (Seuil, 2009). Écoutez les autistes (Navarin, 2012), Étonnantes mystifications de la psychologie autoritaire (Navarin, 2012) et Repères pour la psychose ordinaire (Navarin, 2019).