Ce livre propose d’examiner l’incidence du dernier enseignement de Lacan sur la forclusion du Nom-du-Père. Avec ce concept, Lacan signale en 1958 » le défaut qui donne à la psychose sa condition essentielle, avec la structure qui la sépare de la névrose « . Or, à cette période, pour Lacan le Nom-du-Père désignait l’Autre de la loi, il était l’Autre de l’Autre. Dans le dernier enseignement le statut de l’Autre change, il devient barré et avec lui le Nom-du-Père, comme support de la loi, est mis en question.
Il se pluralise, il devient substituable dans sa fonction qui n’est autre que celle de nommer à. On passe ainsi à l’au-delà de l’OEdipe et le Nom-du-Père est réduit à une fonction de nomination du réel. Il n’est qu’un sinthome qui lie le réel, le symbolique et l’imaginaire. Par conséquent, la notion de forclusion se déplace aussi. D’un côté, la forclusion généralisée -forclusion structurale désigne le trou auquel tout un chacun est confronté, de l’autre la forclusion restreinte -forclusion psychotique désigne soit le dénouage du noeud borroméen, soit un nouage qui n’est pas borroméen.
Le fait que le Nom-du-Père peut être substitué dans sa fonction a eu des conséquences cliniques. Les versions non standard du Nom-du-Père amènent plusieurs sujets psychotiques à se soutenir dans le monde sans l’appui classique du Nom-du-Père et sans présenter de troubles manifestes. La psychose ordinaire -l’entité clinique qui ne présente pas de phénomènes psychotiques indubitables mais qui n’a rien de névrotique non plus- en constitue la conséquence clinique majeure.