« Ce n’est pas quelque chose qui a eu lieu, c’est quelque chose qui a toujours lieu ».
Macha Makeïeff
L’été 2019, Macha Makeïeff présente à Avignon un « billard à trois bandes » constitué du spectacle Lewis versus Alice, du livre Zone céleste et de l’exposition, mieux : de l’installation, Trouble fête. Les trois oeuvres sont autonomes mais elles se répondent, se frottent l’une à l’autre et s’inquiètent.
Ce livre fait trace d’une Conversation entre Macha Makeïeff et Hervé Castanet. Elle prend l’occasion du récit immobile qu’est Trouble fête, alors en cours de montage à la Maison Jean Vilar, pour questionner le théâtre, encore et toujours, comme lieu des aveux.
Une phrase de l’artiste fait boussole : « Ce n’est pas quelque chose qui a eu lieu, c’est quelque chose qui a toujours lieu ».
Au détour des paroles échangées, se déplie le désir de l’artiste et lui seul.
Qu’il se conjugue au féminin pour Macha Makeïeff ouvrira de nouvelles voies pas toutes connues.
L’escabeau de Macha Makeïeff. Entretien avec Hervé Castanet
je célèbre les choses perdues dans un déménagement,
oubliées dans la chambre d’une maison,
parce qu’on vous transporte endormie
ou qu’on ne vous laisse pas aller reprendre
ce que vous aviez caché dans le creux d’une cloison.
(Parfois je m’identifie à la chose perdue
et je la pose dans la lumière comme pour la consoler.)
Quel désir inconscient s’accomplit alors ?
« Le rêve comme la bonne fée », dit Freud. Quel secours magique ?
Je ne peux monter le moindre spectacle
s’il n’y a pas une accroche personnelle –
brûlante et difficile.
Autrement, je ne peux pas m’y mettre.
Ça ne m’intéresse pas et je ne suis pas à ma place.
Lewis Carroll : Quel plaisir que sa bizarrerie revendiquée
et la fantaisie cruelle qui hantent ses histoires !
Jacques Lacan, Hommage rendu à Lewis Carroll (Texte prononcé le 31 décembre 1966
sur France-Culture)