La biopolitique asservit les corps à coups d’images et de slogans. Mais le corps échappe toujours aux identifications prêtes-à-porter. La jouissance le déborde, le surprend, le « traumatise ». La psychanalyse accueille ce corps, en tant qu’il parle de ce trauma.
Le dernier enseignement de Lacan, tel que Jacques-Alain Miller l’éclaire, aborde la jouissance à rebours des mirages de l’hédonisme. Dans l’expérience d’une analyse, on part du symptôme qui fait souffrir. On tend à le réduire par son sens, son histoire, sa logique. Il peut alors s’écrire autrement, produire des effets de création, artistiques ou non. Ainsi, Lacan lit Joyce, en conçoit une langue apte à loger la jouissance et en montre la logique.
Une fois situées l’impasse du conformisme et son ombre de ségrégation, reste à supporter le corps que l’on a et à faire valoir cet avoir premier qui surmonte l’être, ses sortilèges et les derniers prestiges du père.
Éric Laurent, psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne (ecf) et ancien président de l’Association mondiale de psychanalyse (amp), a notamment publié Lost in Cognition. Psychanalyse et sciences cognitives (Cécile Defaut, 2008) et La Bataille de l’autisme. De la clinique à la politique (Navarin / Le Champ freudien, 2012).