Souligner l’existence d’une logique inhérente au délire ne passe plus aujourd’hui pour un paradoxe : la thèse freudienne selon laquelle il constitue une tentative de guérison n’est pas ignorée.
Un paradoxe subsiste pourtant, rarement soulevé, il réside dans la conviction, presque unanime, selon laquelle ce travail auto-thérapeutique doit être contrecarré, réduit. jugulé. À l’encontre de cette approche, ce qui est proposé ici constitue un plaidoyer pour un respect et un accueil du travail subjectif à l’oeuvre dans le délire. Il ne s’agit certes pas de prétendre qu’il faille le favoriser au nom d’une nouvelle mouture de l’anti-psychiatrie ou du surréalisme.
Il convient seulement de prendre au sérieux la découverte freudienne dans son approche du délire. Il faut à cet égard cesser de la couper du trésor clinique recueilli par la psychiatrie classique pour rendre intelligible une intuition lacanienne peu exploitée concernant l’existence d’une » échelle des délires « . Dès lors, plutôt que de morceler l’étude du délire en diverses formes indépendantes, plutôt que de privilégier un moment, nous invitons à sa saisie globale, considérant qu’une prise en compte de toutes les phases de son évolution constitue la condition du dégagement de sa logique.
Il s’agit ici de renverser la perspective, en mettant l’accent sur une dynamique inconsciente et non sur des déficiences de la pensée. La possibilité d’appareiller la jouissance du sujet par le langage est la condition du délire. Il y trouve le fondement de ses ressources. S’opposer au bénéfice que certains psychosés tirent de ce travail peut conduire à verser dans l’acharnement thérapeutique. L’éthique de la psychanalyse doit non seulement inciter à respecter les complexes productions défensives du paraphrène, issues d’une longue et difficile élaboration, mais elle doit surtout ouvrir la possibilité d’accueillir le délire dans le cadre de la cure.
En-dehors de celle-ci, quand le sujet s’engage sur la progression de l’échelle logique des délires, on peut constater que s’accentue un travail défensif d’atténuation de l’angoisse. Il témoigne des ressources créatrices dont dispose le sujet de l’inconscient. La spécificité de la clinique psychanalytique en résulte. Celle-ci se situe dans un champ épistémologique autonome nettement différenciable de la clinique neurologique toute entière consacrée à l’étude de déficits psychiques.
En un temps où certains placent l’avenir de la psychanalyse dans la neurobiologie, il n’est pas inutile de souligner l’incompatibilité du travail du délire avec des modèles explicatifs issus de la clinique neurologique. Cette troisième édition est non seulement revue, mais enrichie de plusieurs chapitres par rapport aux précédentes.
Poids | 0.415 kg |
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Date de publication | avril 2011 |
Nombre de pages | 257 |
EAN | 9782753513310 |