« Les femmes infertiles m’ont tout appris. Rien n’a d’effet sur le corps si la dimension du sujet humain et le mystère de la vie ne sont pas respectés. »
Jean Reboul
Ce livre s’élève contre le fantasme que la science pourrait guérir les dysfonctionnements somatiques et le réel du corps. Cette illusion fait obstacle au désir d’enfant. Car le désir se laisse plutôt approcher par la langue, sa poésie, ses équivoques et ses résonances.
Un essai clinique personnel, qui se lit comme un roman, sur le mystère du commencement, l’énigme du féminin, le mystère de l’amour et celui de la vie… A partir de l’histoire clinique d’une femme infertile confrontée au paradoxe de son désir d’enfant et de son désir d’être mère, l’auteur, gynécologue et psychanalyste, témoigne des effets déterminants d’une rencontre. Formé aux biotechnologies les plus avancées, il montre que seule la reconnaissance de l’effet du langage comme extérieur au corps permet de comprendre pourquoi dans l’expérience clinique médicale, il y a un hiatus entre la cause et l’effet qui va à l’encontre d’un déterminisme supposé.
Jean Reboul, gynécologue, consultant à l’hôpital, ancien chef de clinique, docteur en biologie, est aussi psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP.
« Les femmes infertiles m’ont tout appris. Leur souffrance, leurs symptômes, les paradoxes de leur désir d’enfant m’ont offert une expérience clinique inattendue à laquelle le discours universitaire ne m’avait pas préparé. Parfois, même souvent, elles conçoivent sans traitement, au-delà de tout espoir thérapeutique. Me rappelant ainsi que rien n’a d’effet sur le corps si la dimension du sujet humain et le mystère de la vie ne sont pas respectés. Leur refus de concevoir témoigne que l’objectivité scientifique et la matérialité de la société de consommation éloignent de la vie au lieu de la servir.
L’être humain souffre toujours de ses limites et de son impuissance mais aussi de ses excès qui le précipitent dans l’illusion du bonheur par le comblement du manque. Ces nouveaux symptômes interfèrent avec les influences sociétales pour décider de l’avènement de la vie. Aujourd’hui, les femmes me conduisent plus loin encore. Leur témoignage ouvre sur l’universel. Car tout être humain peut entendre, quel que soit son sexe, qu’il lui est possible un jour de se retourner sur sa vie pour changer son destin… »
J. Reboul
Lire l’interview de Jean Reboul dans L’Hebdo-Blog
À l’écoute de la subjectivité des femmes aux prises avec l’infertilité, Jean Reboul nous fait entendre ce à quoi son analyse l’a conduit : mieux entendre le désir de l’autre.
Ce livre « témoigne, dit-il, d’un effort […] pour rendre compte d’un irréductible où se situe un point de réel qui échappe à la science »[1]. L’imagerie médicale et les progrès technologiques se heurtent à un point de butée : « la jouissance a des effets destructeurs de l’élan de vie en donnant l’illusion que tout est possible ». En s’acharnant à élaborer objectivement les causalités de l’infertilité féminine, la science « laisse toujours échapper la vie » et néglige cette donnée essentielle : « la position d’échec s’exprime chez une femme dans la situation d’infertilité quand la jouissance prend le pas sur le désir ». L’orientation lacanienne invite le psychanalyste qu’est Jean Reboul à remettre en cause le « désir de guérir du médecin qui permet une plus grande liberté de l’autre » et à éclairer le désir du médecin « par le désir de l’analyste ». Il insiste donc, au fil des cas exposés à protéger l’énigme de la vie qui échappe à nos représentations (p. 66) et qui ne peut qu’être cernée par le langage dans son usage le plus singulier. Là où « l’interprétation et l’équivoque du mot [ont] une résonance dans le corps comme lieu de l’Autre ». Sylvie Goumet
|