L’objectif de cet ouvrage est de montrer comment à la fin du xixe siècle, un dramaturge lève un bout de voile sur la question de l’inexistence due rapport sexuel, puis comment, au XXIe siècle, cette même question est saisie dans toute sa crudité. Entre la fin du XIXe et le XXIe siècle on est passé du jeu avec le voile au voile arraché. Le parcours accompli par les artistes dans leur manière de saisir la question du non-rapport sexuel est ainsi au cœur de la réflexion conduite dans l’ouvrage. Cela signifie aussi que le lecteur et le spectateur du XXIe siècle sont interpellés d’une manière nouvelle, parfois inconfortable jusqu’à l’insupportable et pose la question de ce qu’anticipe l’artiste de leur jouissance lors de son acte artistique comme de ce qu’en anticipe celui qui lit l’œuvre ou vient voir.
Dans la première partie, il s’agit de présenter la question du non-rapport à partir du mythe platonicien et de la Genèse pour montrer à quel point la question, présente dans ces textes anciens, paraît intrinsèquement liée à la condition du parlêtre.
Dans la deuxième partie, nous étudierons le traumatisme de la sexualité présenté par Wedekind à partir de l’articulation du savoir et de la jouissance. Enfin, dans la dernière partie, nous partirons d’œuvres très contemporaines : les films Naissance des pieuvres (2007) de Céline Sciamma, et Les beaux gosses (2009) de Riad Sattouf, ainsi qu’un roman, Clèves (2011) de Marie Darrieussecq pour examiner ce que la jouissance produit d’effets sur le corps, et requiert traductions et inventions du parlêtre face à ce qui se dévoile à lui comme un impossible à dire.